Définition de COURTOIS, OISE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kour-toî, toî-z' ; Chifflet, au XVIIe siècle, remarque qu'on tolérait courtais

DÉFINITIONS

1
Gracieux dans ses discours et ses manières.
Tout courtois il me suit et d'un parler remis....
Ils sont toujours parfaitement courtois envers un chacun
de René DESCARTES dans Pass. 146
.... Maximin courtois ou furieux
Voyons sous cet habit qui me fait méconnaître, S'il m'est aussi courtois qu'il m'a promis de l'être
Sémantique : Par extension.
Un âne accompagnait un cheval peu courtois
2
En parlant des choses, qui a le caractère de la courtoisie. Façons peu courtoises.
Ce monstre si cruel [l'Envie] sous un front si courtois N'a-t-il pas de l'accès en la maison des rois ?
En langage de chevalerie, on appelait armes courtoises, c'est-à-dire douces et innocentes, des armes qui ne pouvaient blesser, par opposition aux armes à outrance.

REMARQUE

1
Marguerite Buffet et Bouhours déclarent vieilli ce mot ainsi que courtoisie ; et de Caillières dit : " Courtois n'est plus guère dans le commerce des gens du monde ; civil a pris sa place, de même que civilité a remplacé courtoisie. " Il est certain que dans le langage ordinaire on dit plutôt civil et civilité ; mais, dans le style soutenu, et quand on veut ajouter quelque idée d'élégance à la civilité, courtois, courtoisie ont repris faveur, et l'on s'en sert très bien.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Et Oliviers li preux et li curteis
dans Ch. de Rol. XLII
2
XIIe s.
Ses oncles [son oncle] li cortois
dans Ronc. p. 25
Oliviers fu cortois et afaitiés
dans ib. p. 65
Beaus et cortois, pleins de chevalerie
dans ib. p. 126
Fils, mout feroies que cortois....
dans la Charrette, V. 3234
Certes, dame, mout s'honeure Qui cortois est contre tort
dans Couci, IV
Car nuls dons n'est cortois qu'en trop delaie [retarde]
dans ib. XVI
Après parla dus Bueves li proz et li cortois
dans Sax. XXXIII
Guillames en fu uns, li buens quens d'Arundel, Sages, curteis e preus e senz nul mal apel
dans Th. le mart. 53
3
XIIIe s.
Adonc sali li rois es piés, et prist un frain, et s'en ala as cambres cortoises, tous desesperés, et s'estrangle des rienes dou frain
dans Chr. de Rains, p. 16
Et il i entrerent volentiers à son comant, car il estoit larges et courtois
dans ib. p. 79
Belin, ce dist Nobles li rois, Moult estes sages et cortois, Jà mauvès conseil ne donez....
dans Ren. 18108
Moult est esperance cortoise, Qu'el ne laira [laissera] jà une toise Nul vaillant homme jusqu'au chief [à la fin], Ne por peril, ne por meschief
dans la Rose, 2643
Je n'i lesse mie atouchier Chascun vilain, chascun porchier ; Ains doit estre cortois et frans Cil de qui tel servise prens
dans ib. 1949
La tierce reson, comment cil qui est porsivis de servitute se pot deffendre, si est par une cause qui n'est pas cortoise
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLV, 16
4
XIVe s.
Laides paroles ou courtoises
... [Les oiseaux de fauconnerie] Que nature fais a si beaux, Si joincts, si courtois, si jolis
dans Modus, f° CVI
5
XVe s.
[Le sire des Flamands ne voulait pas épouser la fille du roi d'Angleterre par qui son père avait été tué, les Flamands étaient au contraire portés pour l'alliance anglaise] Si le prirent et mirent en prison courtoise, et bien lui dirent que jamais n'en istroit s'il ne creoit leur conseil
L'escuyer espaignol entra tout premierement dedans [le gué de la riviere] et leur monstra le chemin ; quant ils veirent que le passage estoit bon et courtois, si furent tous resjouis
6
XVIe s.
Qui fit françois il fit courtois
de FAUCHET dans Des origines, liv. I, p. 88, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et anc. espagn. cortes ; portug. cortez ; ital. cortese ; du bas-latin curtis, cour (voy. COUR), par l'intermédiaire du suffixe ois, eis, qui est le représentant du suffixe latin ensis. Chambre courtoise, dans l'ancienne langue, signifiait latrines, lieux d'aisance.

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